Intimité

Son visage pâle, ses cheveux longs, sa légère barbe sur le menton, ses yeux sombres, sa peau douce, son corps musclé, ses mains tendres, ses doigts fins… C’était la première fois que je voyais ses cheveux détachés. Extrêmement lisses, ils étaient d’une longueur impressionnante, lui arrivant quasiment jusqu’aux hanches. Personne, pourtant, ne connaissait leur existence.
Avec un sourire que je savais pudique, je rapprochais doucement ma main vers son torse et ses lignes si harmonieuses. Amusé par ma lenteur, il me prit tendrement la main et la posa sur sa peau. Avait-il remarqué qu’il l’avait placée près de son cœur ? 


Je frissonnai. Sa main était froide. Ou était-ce la proximité de sa douceur avec mon cœur ? Ce geste m’était venu naturellement, sans que je ne pense aux conséquences. Qu’allait-elle croire ? Toutes ces questions s’envolèrent quand elle leva les yeux jusqu’aux miens. Elle sentit peut-être mon cœur cesser de battre pendant une seconde… mais pour la première fois de ma vie, cela ne me gênait pas. Au contraire, j’eus soudainement envie que nos regards nous relient à la fois physiquement et mentalement. En réalité, ce n’était pas qu’une envie, c’était une impression réelle… J’avais l’impression qu’elle lisait dans mes pensées, que j’étais littéralement nu devant elle… Je la sentais en moi… Tout comme je me sentais en elle… Etait-ce possible ? 


Nous nous regardions dans les yeux… Peut-être même explorions-nous mutuellement les pensées de chacun ? Savait-il à présent ce que je pensais de lui depuis le début ? Voyait-il l’évolution de mes sentiments à son sujet ? Lisait-il non seulement dans mes pensées… mais aussi dans mon cœur ? Instinctivement, je pris son autre main dans la mienne et la posai à mon tour près du cœur… près de mon cœur. Je voulais qu’il sache. Je voulais qu’il comprenne.
Il sourit. Il rapprocha légèrement son visage. C’était la première fois que je le voyais hésitant. Ses yeux parcouraient mon regard, voyageant de mes pensées à mon cœur, passant par mon physique et mon caractère, traversant ma personnalité et mon imagination, mon être et mon paraître, ma part de lumière… et ma part d’ombre. J’avais l’impression qu’il connaissait tout de moi. Me voyait-il jouer avec mon grand frère, quand j’étais petite ? Observait-il la scène où mon père nous quittait, ma mère mon frère et moi ? Savait-il à présent que ma vie n’était faite que de problèmes ? Comprenait-il qu’il représentait la seule lumière qui me permettait de tenir encore un peu dans ce monde ? 


Elle rapprocha son visage à son tour. Ses yeux brillaient. Je remarquai alors qu’ils étaient d’une couleur très étrange. Un mélange de marron, de vert, de gris, avec des tâches de bleu aussi… J’étais hypnotisé. Je ne pouvais plus m’empêcher de m’approcher encore et encore de son visage pour me sentir aussi proche d’elle que possible. Je ressentais… un besoin. Le besoin incompréhensible d’être avec elle. Là, à l’instant présent. De ne pas la quitter. Ne jamais la quitter. Jamais je n’avais ressenti cela auparavant… 


Jamais je n’avais ressenti cela auparavant… Je sentis rapidement son souffle chaud frôler mon visage. Un frisson me parcourut. Le remarqua-t-il ? Il était si proche… Pourtant, cela ne me dérangeait pas. Au contraire… Je me sentais bien. Juste bien. Tellement bien.
Alors je m’approchai à mon tour. J’aimais cette chaleur qui l’entourait, qui venait de lui, cette lumière qu’il dégageait. Plus j’étais proche de lui, mieux je me sentais. Alors nos corps se touchèrent, nos mains plaquées sur chacun d’entre nous. Nos yeux ne cessaient de bouger, cherchant peut-être plus profondément encore que ce que nous voyions l’un l’autre. Nos visages étaient si proches, presque à se toucher eux aussi. Si j’avais toujours détesté cette partie du corps, j’adorais pourtant son nez à cet instant précis. Je le frôlais. Et cela me plaisait. Mais le plus important… c’était que j’avais l’impression de toucher ses yeux, avec les miens.

Nous étions unis.

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