Lunerr

Frédéric Faragorn

Publié par L’école des loisirs en 2012

189 pages

Illustration de couverture : Gabriel Gay

J'ai lu la version Supermax de 2014

• Résumé :

Lunerr est un jeune garçon de Keraël, une île… entourée de sable et de rocs à perte de vue. Totalement isolée, sa cité ne connait que ses traditions, sa religion et la valeur très précieuse de l'eau qui est si rare. Lunerr est donc sévèrement puni lorsqu’il prononce un mot interdit… Ailleurs. Il ne sait pas pourquoi il l’a prononcé, mais sa vie en est bouleversée. Déchiré entre l’envie de se rattraper aux yeux de sa mère, la responsabilité de veiller à ce que son nouveau pitwak ne fasse pas de bêtise et la curiosité que lui inspire Ken Werzh, son nouvel employeur, le jeune garçon doit faire chaque jour attention à son comportement, mais aussi aux propos qu’il reçoit à travers ses yeux d’enfants. Qui croire dans ce monde qui lui était si familier et qui devient si chamboulé ?

• Mon avis :

Sachant que c’est un livre pour enfant… j’ai vraiment adoré l’histoire. Le style d’écriture est certes simple et tous les événements et les non-dits sont finalement expliqués et décortiqués à travers les pensées du petit Lunerr (d’où la précision que c’est un livre pour enfant), mais l’univers est tellement intéressant ! J’aurais aimé en savoir beaucoup plus, que la vie de ces habitants me soient plus décrites, que l’histoire de ces rites me soit détaillée, que le mythe des aëls me soit plus amplement expliqué. Tout est pourtant tellement bien amené, entre les petits bouts de religion, de tradition et d’histoire par-ci par-là, les mots qui sonnent exotiques et qui pourtant viennent de racines bretonnes, les scènes qui expliquent le quotidien des gens… Un régal qui ne dure pas assez longtemps, sachant que la situation temporelle nous est indiquée dans la dernière partie du livre et que la fin ouverte nous laisse tellement en attente…

Les personnages sont attachants, mais je trouve qu’il y a un déséquilibre entre la complexité accordé à Ken Werzh, par exemple, et la ligne directrice unique de Lunerr. Certes, le personnage principal connaît une évolution, des réflexions, mais il n’évolue pas assez à mon goût et garde des idées un peu trop enfantines sur la fin, ou bien ses réflexions sont trop lentes. Mais c’est peut-être que je n’ai déjà « plus l’âge » de lire ce livre, bien que cela ne m’ait pas gênée du tout ! En revanche, j’ai été très déçue de la presque inutilité du personnage de Morgan, mais visiblement, elle aura plus d’importance dans le tome 2, que j’ai hâte de lire !

Par ailleurs, la morale de l’histoire est finalement très bien suggérée pour des enfants je trouve, et en cela le personnage principal est un bon point parce que lorsqu’il commence à remettre en doute le drouiz, il ne se met pas à idolâtrer Ken Werzh, bien au contraire, son esprit critique est activé ! Il est aussi finalement très honnête avec lui-même, et c’est réellement appréciable dans le récit, puisque celui-ci est à la première personne.

EN BREF, l’univers est très appréciable, même dans un style d’écriture simpliste, mais décidément pas assez creusé ou expliqué à mon goût, ce qui est fort dommage ! La lecture se fait d’une traite et j’ai hâte de m’attaquer à la suite !