Tobie Lolness
Tobie Lolness – 2006 – 312 pages.
Tobie Lolness, Les
Yeux d’Elisha – 2007 – 344 pages.
Timothée de Fombelle
Gallimard Jeunesse
Illustrations : François Place
Tobie Lolness est un jeune garçon de 13 ans…
qui mesure un millimètre et demi. Mais pas n’importe quel millimètre et demi,
non, un millimètre et demi d’héroïsme ! Fuyant la colère de son peuple, il cherche
à sauver sa famille de la folle ambition d’un entrepreneur, sauver ses amis du
danger qui les guette tous et surtout, il cherche à sauver l’arbre !
- Mon avis
J’avais déjà lu Tobie Lolness quand j’étais plus
jeune et j’avais adoré. Suite à ma découverte de La Passe-Miroir, allez savoir
pourquoi, je m’en suis souvenu et j’ai voulu relire les deux tomes de Timothée
de Fombelle. Je n’ai absolument pas été déçue ! Si j’ai quelques remarques
à faire dont je n’avais pas eu l’idée des années plus tôt, le plaisir de suivre
les aventures de ce héros d’un millimètre et demi n’a pas été gâché pour
autant. L’imagination de l’auteur est vraiment incroyable ! Replacé dans
son contexte ou non (littérature jeunesse), ce livre est une véritable
trouvaille !
L’univers de Tobie Lolness est tout simple, et
pourtant tout à fait magique ! Sur le principe des Minimoys, un petit peu,
mais dans un arbre. Et l’univers est magnifiquement bien pensé ! Partant
sur un peuple humanoïde, sans énergie électrique quelconque, vivant dans un chêne
gigantesque, on se retrouve plongé vers le (presque) infini petit. Les oiseaux
sont dangereux, les combats de charançons sont impressionnants, les feuilles
permettent d’obtenir de la farine pour faire du pain… Timothée de Fombelle a eu
le regard assez fin pour construire un monde entier sur un arbre et l’esprit
assez ingénieux pour transformer tout l’environnement d’un arbre en univers
fantastique et magique. Encore mieux, l’univers de Tobie Lolness dessine une
jolie métaphore de notre société. Les Cimes et les Basses-Branches représentent
les différentes classes sociales, le peuple du chêne est en train de tuer l’arbre
qui est vivant, la disparition des feuilles réchauffe les branches… ça ne vous
rappelle rien ? Sachant que ce livre ne date pas d'aujourd'hui, mais bien d'il y a plus de dix ans... ! Bref, que du positif pour l’univers de Tobie Lolness, on
est plongés dedans, s’émerveillant de trouvailles en trouvailles !
En ce qui concerne l’intrigue, j’ai été conquise !
L’histoire commence dès la première phrase, et hop ! (petit clin d’œil à
ceux qui ont déjà lu les deux tomes !) Je ne m’attendais à rien (la
première fois que je l’ai lu, hein !), j'ai été agréablement surprise, et tout est cohérent, clair, réfléchi,
intéressant. En plus, c’est original ! Tout est très agréable à découvrir,
j’avais envie de lire, encore et encore. Parfois j’étais heureuse, parfois très
stressée, je voulais savoir comment Tobie allait s’en sortir. Tout est
équilibré, j’ai réellement apprécié ma lecture. Si je peux émettre un petit
bémol, c’est que la fin est trop courte, rapide, presque expéditive, comme vous
voulez, en tout cas, j’aurais aimé avoir légèrement plus d’explications et qu’elle
se fasse plus en douceur. Tout ce chemin pour en arriver juste à ça… En
réalité, c’est justifié et je suis surtout frustrée de ne pas pouvoir suivre
plus d’aventures avec Tobie, ce doit être plutôt ça ! Un autre petit
détail est que, certaines choses, certains hasards, sont un peu exagérés. Comme
par magie, certaines temporalités sont piles celles qu’il fallait. Mais ce n’est
pas grave du tout, cela fait partie du monde magique de la littérature et tout
le reste est si bien fait, si bien justifié et équilibré, que l’on ferme
aisément les yeux sur ces détails qui en deviennent presque amusants.
Et avec tout ça, même les personnages sont
absolument géniaux ! Quelles trouvailles ! Un panel vraiment
intéressant et diversifié. Ils sont assez nombreux, mais pas trop, ils sont
bien identifiés et bien travaillés, avec assez de détails pour être vivants et
uniques et on a l’impression que l’auteur leur a tous dédié une histoire
entière ! J’ai beaucoup aimé suivre les petites histoires annexes de
certains personnages, les mystères qu’on ne comprendra jamais de certains
autres. Cela fait partie de l’univers et Timothée de Fombelle manie
parfaitement sa palette de personnages. La famille Lolness est vraiment
attendrissante et on s’attache rapidement à elle. Par ailleurs, chaque
personnage a ses qualités et ses défauts et, mieux encore, tous connaissent une
belle évolution, douce et cohérente. Si je peux me permettre, néanmoins (dans tous les cas, je me donne le droit !), je pense que Tobie aurait pu commencer cette histoire en étant légèrement plus âgé. A 13 ans, je ne suis pas sûre que l'on supporte autant de choses et que l'on réagisse aussi bien. Je peux tout de même comprendre certaines caractéristiques propres à cet âge jeune (il est petit, ce qui est pratique pour certaines parties de l'histoire etc.), mais je pense qu'il aurait pu avoir aux alentours de 16 ans. On oublie toutefois vite ce genre de préoccupations. Je suis vraiment impressionnée par la
minutie de l’auteur et tout est vraiment génial.
Enfin, je ne peux faire l’éloge de ces deux tomes
sans parler de la plume de Timothée de Fombelle. Comment exprimer mon plaisir
face à tant de poésie, d’imagination, de doigté ! L’écriture est certes
simple, mais elle se lit si bien ! On retrouve son âme d’enfant face à
tant d’images véhiculées par les associations de mots de l’auteur. Non
seulement, l’univers est magnifiquement bien construit, mais en plus, Timothée
de Fombelle se réapproprie la langue française avec toutes ses expressions et
toute sa beauté pour l’adapter à son envie ! J’ai aussi particulièrement
apprécié son talent pour passer du présent au passé, puis du passé au présent.
Les flash-back des personnages sont vraiment bien maîtrisés.
"Sa mère, qui lui avait appris à lire à l’âge de trois ans, lui disait que les mots sont des combattants de l’ombre. Si on choisit de devenir leurs amis, ils nous aident toute la vie. Sinon, ils se mettent en travers de notre chemin. Maïa lui expliquait que c’était à cause de cela qu’on disait « connaître » un mot ou un langage, comme connaître quelqu’un.
"Sa mère, qui lui avait appris à lire à l’âge de trois ans, lui disait que les mots sont des combattants de l’ombre. Si on choisit de devenir leurs amis, ils nous aident toute la vie. Sinon, ils se mettent en travers de notre chemin. Maïa lui expliquait que c’était à cause de cela qu’on disait « connaître » un mot ou un langage, comme connaître quelqu’un.
Tobie, après pas mal d’efforts, était devenu l’ami
des mots. Tous les jours, il voyait les miracles qu’ils font. Ils l’avaient
sauvé de la solitude et de l’ennui. Ils avaient été à ses côtés pour étudier
avec son père. Et surtout, ils ne l’avaient pas lâché pendant les conversations
avec Elisha.
Elisha connaissait très peu de mots, mais elle les habillait d’une telle
manière que Tobie risquait de tomber à chaque phrase. Il avait donc appris, en
l’écoutant, à faire vivre les mots grâce à la voix et au silence." [p.109, Tome 1]
Je ne peux donc que conseiller ces deux tomes
absolument magiques ! Jeunes ou non, l’écriture et l’imagination de
Timothée de Fombelle ne peuvent qu’entraîner les lecteurs aux travers des
Basses-Branches, aux côtés de Tobie.
Ps : Faites attention jusqu'au bout du bout du deuxième tome, la dernière note fait aussi partie du charme de l'histoire ;)
Ps : Faites attention jusqu'au bout du bout du deuxième tome, la dernière note fait aussi partie du charme de l'histoire ;)
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